ETUDE DE MADAME BOVARY EN TERMINALE LITTERAIRE

 

TEXTE OFFICIEL

 

http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=87548

Œuvre :

- Madame Bovary de Gustave Flaubert

Le programme de l'enseignement de littérature en classe terminale de la série littéraire (arrêté du 12 juillet 2011 publié au B.O.E.N. spécial n° 8 du 13 octobre 2011) indique que le travail sur le domaine « lire-écrire-publier » invite les élèves « à une compréhension plus complète du fait littéraire, en les rendant sensibles, à partir d'une œuvre et pour contribuer à son interprétation, à son inscription dans un ensemble de relations qui intègrent les conditions de sa production comme celles de sa réception ou de sa diffusion ».

 

Pour l'étude de Madame Bovary de Gustave Flaubert, le professeur privilégiera l'analyse de la genèse qui permet aux élèves de pénétrer dans le laboratoire de l'écrivain et de s'interroger sur le processus de création du roman. Les étapes successives de l'avant-texte (plans, scénarios, esquisses, brouillons et manuscrits) constituent autant d'éléments qui nous donnent accès à l'histoire de la création. Ils rendent manifestes l'obsession et la passion du romancier pour le mot, pour la phrase, son attention aux rythmes et aux harmonies, à la dimension sonore de la langue, inscrivant la quête romanesque dans une aventure poétique, stylistique et esthétique inédite. Flaubert fait du roman un vaste poème narratif, où l'écriture s'astreint à une double exigence de justesse absolue, sur le plan de la diction comme sur celui de la fiction. La transformation d'un fait-divers banal en œuvre d'art éclaire également le travail de l'écrivain en amont du texte. Enfin, la correspondance de Flaubert avec ses contemporains, véritable essai sur l'art romanesque, permet de mieux comprendre la genèse du roman, révélant l'épreuve d'une écriture qui rompt avec le mythe de l'inspiration.

 

Madame Bovary contribue ainsi à l'invention d'un nouveau rapport au monde. La recherche du « neutre », de « l'impersonnalité », l'égalité de traitement des personnages, des sujets et des points de vue, affranchissent la littérature du devoir de représenter l'ordre constitué. L'écriture flaubertienne porte à sa manière une esthétique de l'âge démocratique, dévoilant un lien inextricable entre poétique et politique.

 

À cet égard, le professeur pourrait aborder avec les élèves dans une perspective complémentaire la réception très polémique du roman en 1857. Le procès qui s'en suivit notamment montre la complexité des liens entre littérature et société au milieu du XIXe siècle et soulève la question de la moralité à laquelle Flaubert, dans la stratégie de défense qu'il met en œuvre, fait subir un déplacement décisif : répondant à ses adversaires sur leur propre terrain, il substitue par ailleurs aux cadres d'une littérature édifiante corsetée par une morale prescriptive une éthique de l'écriture et de la lecture, fondée sur l'affirmation de l'autonomie de l'art.